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Convivialité dans les Milongas

Ce sujet mérite certainement un forum à lui tout seul (à toi de juger Claudio), en effet :

La convivialité du bal n’est pas toujours celle que nous souhaiterions. Cette situation est  déplaisante, en premier lieu pour les femmes qui ne sont pas invitées ou trop peu, mais aussi pour les hommes qui se sentent concernés.

L’initiative « écharpes blanches » lors de Tangopostale 2013, destinée à améliorer la situation, a été accueillie unanimement comme une très bonne idée, autant par les femmes que par les hommes.

Toutefois, son efficacité n’a pas été à la hauteur des espérances.

Pour aller plus loin dans la démarche, un groupe d’une dizaine de personnes s’est constitué pour réfléchir ensemble sur ce sujet ; afin d’enrichir nos débats, nous avons besoin de toutes les tangueras et de tous les tangueros, pour donner leur point de vue sur cet aspect, pour dire leurs raisons des difficultés qu’ont les femmes à se faire inviter, pour suggérer des solutions.

C’est tous ensemble que nous arriverons à améliorer cette difficulté sociale lors des milongas.

N’hésitez pas à donner vos idées, votre ressenti, votre expérience et votre vécu.

Ce lieu est le vôtre, le nôtre.

Michel JOLY – tanguero de Castelnaudary.

Commentaires de la première publication:

Quand tu dis que l’efficacité n’a pas été à la hauteur des espérances, tu veux dire que ça n’a pas fait modifier les habitudes des hommes, qui continuent à « choisir » leurs cavalières parmi celles qu’ils ont l’habitude d’inviter, ou bien est ce que c’est la démarche de l’écharpe blanche et de l’invitation par les femmes qui n’a pas été suivie au niveau espéré ?
J’ai remarqué à l’occasion de rares expériences menées dans des milongas à Toulouse que les cavalières n’avaient pas encore le réflex, et hésitaient encore beaucoup à aller inviter les hommes.
C’est une démarche inhabituelle pour une femme, et cela demandera peut être du temps…

Oui cela demandera du temps c’est pourquoi le groupe animé par Michel a décidé de faire ponctuellement des propositions aux assos à l’occasion de milongas. Les évolutions de comportement me paraissent plus faciles pour les hommes volontaires (il ne s’agit en aucun cas de contraindre) que pour les femmes dont beaucoup éprouvent des difficultés à franchir le pas. Alors, que les plus déterminées montrent l’exemple !

Et vous messieurs, avez-vous envie d’être invités ? Même par une femme qui, a priori, ne vous « plaît » pas ?
Et vous mesdames, quelles raisons vous empêcheraient d’inviter un homme ? Timidité ? Peur de l’ambiguïté ?

Quelle proportion sommes-nous, les hommes qui souhaitons être invités ?
Sans doute mon appréciation ne peut-elle être que biaisée par l’équipe Tangopostale que je fréquente assidûment, alors je vais sous-coter
mon ressenti et dire environ un tiers.
Pourquoi ces hommes en ont-ils plus envie que d’autres ?
Il faut distinguer deux situations je pense : ceux qui viennent seuls et ceux dont les compagnes dansent également.
Pour les seconds, comment ne pas se sentir concernés en observant l’écart entre ce qu’ils vivent et ce que subit (oui souvent « subit »)
leur compagne dans la soirée, dansant généralement beaucoup moins faute d’invitations en nombre suffisant.
Alors eux-mêmes s’impliquent, invitent des inconnues, des femmes semblant au bord du découragement et faisant néanmoins
(encore) bonne figure… et, ce faisant, délaissent leur compagne.
Pour tous, accompagnés ou pas, sachant bien entendu que la plupart connaissent les 2 situations selon les soirées, il y a un sentiment
de culpabilité au regard de cette situation déséquilibrée, une empathie gênée qui les pousse à souhaiter contribuer à y remédier.
Pour ma part, deux déterminants forts guident mon attitude et mes attentes : me montrer women-friendly si j’ose dire mais aussi
souhaiter la reconnaissance d’une invitation car comme Claude l’a exprimé dans divers textes de son site, nous nous en posons
des questions, comme « cela lui fera-t-il plaisir que je l’invite ? « , « ne vais-je pas l’ennuyer à faire toujours la même chose pendant
la tanda, surtout ce soir où malheureusement elles durent 4 morceaux alors que 3 me rassureraient davantage ? » .
Si bien qu’être invité nous libère un peu de ces appréhensions : « après tout c’est elle qui l’aura voulu ! ».
Je plaisante un peu bien entendu mais enfin, pour ceux qui doutent cela existe.
A tort, oui, je crois, je sais même, mais bon, cela ne change pas grand chose parfois.

Contribution à ma façon, car le dépoussiérage des codes du Tango me paraît impérieux :

Milonga d’arrière garde

Regarde !
Des couples sombres dansent

Seuls au monde
Te souviens-tu ? Mon premier bal

___

De quel sexisme revêche
A-t-on barbouillé
Le tango ?

Passéistes, passez votre chemin

_____

Solitude en exil au bord du bal

Aventure-toi, cramponne-toi

A l’inconnu

_____

Tu contemples, tu penses, tu ressens, tu humes, tu scrutes …

Diable, comme tu as envie de danser !

Sourie, ose et danse

_____

Le code ancestral de l’invitation tombé
Le tango appartient
Aux âmes affranchies

Si les milongas étaient une oeuvre de charité, ça se saurait. Et pourtant, c’est beaucoup plus cool à Toulouse qu’à Paris ou à Buenos Aires. Pour donner un exemple, une copine (plutot jeune, plutot bonne danseuse) a passé trois jours récemment à un évènement parisien sans JAMAIS etre invitée (bon d’accord, on connait des exemples de milongas à Toulouse où ça peut arriver aussi, mais comme les poissons volants, ce n’est pas la majorité de l’espèce). Alors à Toulouse, je trouve que c’est plutot bon enfant… Meme s’il n’y manque pas un certain nombre d’hommes à profiter de la « loi du marché » pour ne pas faire d’efforts en vue d’etre confortables, ne pas s’abstenir de jouer les profs de piste alors que la milonga n’est pas faite pour ça et imposer un comportement inacceptable. (Les filles, apprenez à dire non, des fois, et ne pas accepter l’inacceptable, ne dansez pas avec un mec qui pue, un mec qui vous impose des mouvements qui vous esquintent, un mec qui se la joue et vous critique pendant la tanda… ce sont rarement les meilleurs danseurs, d’ailleurs). Ceci étant, il faut aussi pointer une réalité: venir à une milonga ne signifie pas pour les femmes un droit absolu à exiger qu’on vous fasse danser. Les hommes sont souvent en sous nombre. Ils ne sont pas obligés pour autant à tout danser pour compenser cet état de fait. L’invitation c’est un accord de volontés, un truc entre adultes consentants. Celui ci ne se fait donc pas systématiquement avec tout le monde, à n’importe quel moment de la milonga, n’importe comment. Et ça marche dans les deux sens.Que les femmes s’autorisent à inviter formellement, ça existe déjà, mais dans ce cas, elles doivent etre conscientes qu’elles s’exposent à un refus tout aussi formel et génant que quand les hommes procèdent ainsi. De plus, c’est une prime aux plus gonflées et ça ne règle pas le problème pour les plus timides. Le cabeceo peut etre une bonne solution, assez discrète, où les femmes ont autant l’initiative que les hommes. Il n’est pas une solution absolue non plus, notamment en cas de faible visibilité, de myopie etc. Et c’est pour ça que vouloir l’imposer à toutes forces  comme certains organisateurs d’encuentros milongueros est une débilité. Mais utiliser cette solution de manière plus massive ne serait pas si mal.

Merci Joss :

j’adore particulièrement

« Le code ancestral de l’invitation tombé Le tango appartient Aux âmes affranchies »

C’est frais, beau, optimiste…pas encore vraiment réalisé…

…Mais la cible est là : VIVE LES AFFRANCHIES !

Etre invité… pour un homme, c’est gratifiant, c’est agréable, et surtout cela donne la certitude que la danseuse a vraiment envie de danser avec vous…Sauf attente stratégique d’une autre danseuse, je ne refuse jamais…Ensuite, comme certains l’ont déjà écrit par ailleur, si on a souffert pendant la tanda, si on a eu l’impression de ne pas donner de plaisir à la danseuse, si la tanda précédente a été catastrophique, il arrive que l’on finisse par refuser…
En tout cas, le refus de danser avec le ou la partenaire, ne dispense pas de se dire bonjour. Je trouve dommage que certains saluent uniquement s’il y a danse ensembles. Pourquoi devenir  invisible dans le cas contraire. Pas facile de gérer cela en effet, car sourire, parler à l’autre ne signifient pas toujours « OK je veux danser avec toi ». Plus la personne est clair dans ce qu’elle veut, plus ça le devient pour l’autre. Alors soyons clairs dans nos pas, dans nos relations. La piste de tango est une bonne école !
J’étais présent à la (ou une des) soirée de Tangopostale 2013 où il était proposé aux hommes de signifier leur disponibilité à être invité par le port d’une écharpe blanche. Partisan depuis toujours pour une plus grande équité dans cet aspect du tango, je m’y suis prêté avec plaisir. Comme nous étions peu nombreux à accepter de porter cet attribu, j’ai été très solliciter au point de ne pas pouvoir honorer toutes les invitations.Pour la plupart, ces femmes étaient extérieures à Toulouse, donc peu connues par les tangueros locaux et avaient très peu dansée au cours de la dite soirée. Pourtant elles avaient majoritairement un bon niveau de tango. Se sentir désiré a été très plaisant! Ce concept est très intéressant d’autant qu’il ne s’impose pas aux hommes dont beaucoup sont attachés à ce privilège, au prétexte qu’il s’inscrit dans la tradition. Il est tout à fait possible d’être disponible à l’invitation le temps que l’on désire. L’objet signifiant ne m’est pas apparu des plus opportuns. Bien que très esthétique, l’echarpe blanche tenait chaud  et rajoutait de l’inconfort à l’ atmosphère étouffante du lieu (soirée chaude d’été et densité de gens). Un objet plus discret, type badge ou macaron d’un design sobre mais explicite ferait mieux l’affaire. On peut même rêver que ce signe distinctif devienne internationalement reconnu. Quoi qu’il en soit la démarche de Tangopostale est louable et j’espère qu’elle sera reconduite en 2014!