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La milonga est annulée Françoise Cyna

Résumé

Sarah a la danse dans le sang. Chaque année, elle se rend à Buenos Aires, la Mecque des danseurs de tango. Là-bas, elle s’affranchit des règles de son quotidien parisien et retrouve le charme suranné des milongas, les bals dédiés à cette danse centenaire. Pendant neuf nuits endiablées, Sarah virevolte dans un univers aux passions strictement organisées. Sous les yeux exigeants de l’assemblée, la danseuse part en quête d’un plaisir qui sublimerait ses blessures.
Entre jeux de séduction et douleurs enfouies, à quel prix trouvera-t-elle le tanguero idéal ? Avec La milonga est annulée, Françoise Cyna nous livre une réflexion passionnée sur la pratique du tango, le temps qui passe et le désir de vie d’une femme libre.

Présentation par Françoise Cyna

Mon roman « La milonga est annulée » est sorti en mai 2022.

En 2018, au retour d’un de mes voyages annuels à Buenos Aires, une de mes connaissances m’a demandé comment s’étaient passées mes vacances. Je lui ai répondu « très bien ». Je n’ai pas pu aller plus loin. Toute explication m’a semblé vaine. Je savais qu’il m’était impossible en quelques phrases de traduire l’émotion du tango d’une part, et d’autre part de raconter ce que les danseuses solitaires et aventurières, dont je fais partie, vivent en immersion complète dans cet univers si éloigné du nôtre. Le livre venait de germer.

En 1994, j’ai écrit mon premier roman, puis chaque année un autre jusqu’à ce que, au début des années 2000, mon travail de radiologue dans un hôpital parisien vienne occuper une place trop importante dans ma vie, ne me laissant plus d’espace pour l’écriture. Ils ont tous été éconduits par les maisons d’édition. De tous ces romans ne sont restés que quelques tirages A4 et des dossiers Word dans mon ordinateur.

En 2018, quand la nécessité d’écrire sur le tango et en particulier sur mes aventures argentines s’est imposée à moi (j’étais alors dans une activité professionnelle privée, moins prenante) je me suis dit logiquement que ce roman terminerait comme les autres, au fond de mon disque dur. Le moment était venu pour moi de m’exprimer sur cette passion du tango, qui occupait mon temps libre depuis une dizaine d’années, m’avait fait voyager seule, apprendre les rudiments d’espagnol indispensables. Étant donné le peu d’enjeux, j’ai essayé d’être la plus sincère possible. Je souhaitais mettre au clair mon ressenti sur cette danse, ses codes, son univers à Buenos Aires, et surtout essayer de décrire ces montagnes russes émotionnelles dans lesquelles elle nous embarque quand on s’y noie. J’ai bâti le personnage de Sarah, mon héroïne, à la sensibilité exacerbée par un passé lourd, pour qu’elle vive toutes ces aventures encore plus intensément que moi.

J’ai terminé le livre le jour où, à ma grande surprise, j’ai gagné le premier concours de nouvelles auquel je me suis présentée, en juin 2021. Mon roman a ensuite été refusé par les maisons d’édition auxquelles je l’ai envoyé. Deux solutions s’ouvraient à moi. Je le laissais comme ses prédécesseurs dormir à jamais dans mon intimité numérique, ou je tentais l’auto-édition et décidais de me battre pour lui. J’ai choisi la deuxième option après avoir fait lire le manuscrit à quelques proches. Mon amie Véronique Rondeau-Amouyal, artiste peintre, a accepté de me laisser utiliser son magnifique tableau coloré pour ma couverture. Quelques échanges avec le site Librinova que j’avais choisi pour cela, quelques virements, et le livre existait.

A commencé alors une aventure que je n’aurais jamais espéré vivre. Je suis allée vendre mon roman dans plusieurs festivals, dans des milongas. Je l’ai exposé avec conviction et persévérance sur les réseaux sociaux. J’ai frappé à toutes les portes, certaines se sont ouvertes, avec de belles rencontres à la clé.

J’ai surtout rapidement reçu des retours de mes lecteurs. J’avais écrit ce roman pour les femmes, pensant n’intéresser que ces dernières, et j’ai été surprise par l’intérêt des hommes. Beaucoup de danseuses m’ont remerciée d’avoir exprimé les doutes et les angoisses que chacune d’entre nous ressent un jour. Elles se sont reconnues dans ce personnage, un peu trop autocentré qui passe son temps entre jouissance et souffrance, qui se questionne en permanence et est dévoré par une nécessité de vivre intensément. Les non-danseuses ont découvert notre petit monde du tango avec intérêt, certaines ayant envie d’y gouter, d’autres ne comprenant pas pourquoi nous aimons tant souffrir. Les hommes m’ont remercié de façon quasi unanime de leur avoir ouvert l’accès à nos pensées. Je n’ai pas la prétention d’avoir écrit l’universel, mais les émotions contradictoires, les attentes et le plaisir de cette femme les ont interpelés, et nous ont rendues plus humaines. Ces échanges m’ont éclairée sur leur vécu en me montrant à l’évidence qu’ils souffrent autant que nous, subissent les mêmes petites humiliations, doivent surmonter les mêmes obstacles. Le seul avantage indéniable qu’ils ont sur nous est celui du nombre, ils sont moins nombreux que nous, ils ont donc plus de choix.

À la suite d’un quiproquo, presque par accident, Maria-Eugenia, jeune danseuse de la ville de Paraná en Argentine a lu mon manuscrit en aout 2021. Elle m’a tout de suite contactée pour me dire qu’elle ne comprenait pas comment malgré toutes nos différences, d’âge, de milieu, de continent, j’étais arrivée à parler d’elle dans mon livre. Elle m’a très vite proposé de le traduire en espagnol et a terminé ce long travail en novembre 2022 la veille de mon retour à Buenos Aires après la pandémie. J’ai rencontré mon éditeur, Alejandro, au cours de ce voyage. Il ne danse pas le tango et a été enthousiasmé par le roman. L’édition argentine sortira au mois de juin, à Buenos Aires.

Merci au tango d’exister, de m’accompagner dans ma vie, de m’avoir ouvert tant de portes, d’avoir élargi mon univers. Merci à l’écriture de me donner la possibilité de m’exprimer sur les sujets qui me tiennent à cœur. Merci à l’autoédition de permettre aux auteurs qui n’ont pas accès au monde de l’édition traditionnelle de pouvoir diffuser leur œuvre. Merci à Jacky et à Claude pour leur soutien. Merci à tous les organisateurs de festivals ou de milongas qui m’ont accueillie avec chaleur et générosité. Merci à tous ceux, danseurs et non-danseurs, qui m’ont accordé leur confiance en achetant mon livre. Merci aux lecteurs et aux lectrices qui m’ont fait des retours, sont venus me voir ou m’ont écrit, qui ont échangé autour de ce roman, de l’expérience argentine et du tango.

L’aventure continue ici encore, et demain à Buenos Aires, dans ses milongas et au milieu des tangueros dont je parle dans mon livre.

Françoise CYNA

Pour se procurer le livre:

  • à la commande en librairie
  • ou avec le titre sur Amazon,
  • la fnac et autre site en ligne en version numérique ou papier

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Deux pistes pour le prix d’une ?

Une nouvelle tanda vient de commencer. Dès les premières notes j’ai compris que je n’allais pas pouvoir tenir encore bien longtemps.

Cette fois c’est sûr j’y vais, je change de salle. Avec ce DJ j’ai vite compris que je ne resterai pas longtemps ici. Certes la musique est bonne mais pas dans mon état d’esprit de ce soir. J’ai besoin de bouger, j’ai besoin de m’exprimer un peu plus.

Depuis quelques années déjà dans les grands festivals nous avons le choix dans la même soirée entre une piste avec la milonga traditionnelle et une autre avec une musique plus… moderne.

C’est très pratique, un changement d’humeur, une personne que l’on veut suivre, et hop je change de salle. En général la deuxième salle est plus petite. L’ambiance est complètement différente.

On a l’impression de rentrer dans un temple, fréquenté par des initiés, on se reconnaît facilement entre « adeptes ». Celle-là elle était tout à l’heure dans la grande salle, et la grande là-bas je ne la vois que dans cette salle. Une mordue du jeter de jambes très certainement.
Je suis bien tombé, la musique me plaît. J’ai envie de m’y mettre tout de suite.

Il y a là aussi pas mal de tangueras qui attendent, mais attention c’est un peu différent. Il y a à peu près autant d’homme que de femmes. Bizarre ? On dirait que les danseurs/danseuses sont plus sélectifs sur la musique, et préfèrent attendre ..

J’attends donc mon tour et je me dirige vers une tanguera qui peut correspondre à ma taille, c’est très important pour ce type de danse.

Ce sont en général de très bonnes danseuses. Qui aiment bouger, qui aiment les changements de rythmes, bref qui aiment s’exprimer !
La musique est souvent très spéciale, et pas toujours dansable. Du moins en ce qui me concerne !. On a du nuevo, et/ou de l’alternatif. Certains DJ sont orientés nuevo, et on reconnait alors le tango, d’autres fois c’est carrément déjanté, très planant ou alors très rythmé … L’alternatif propose en général des thèmes connus, plus dansables, mais il faut quand même faire un gros effort pour l’adaptation au tango.

En général il n’y a pas de tandas . Les morceaux s’enchaînent et ne se ressemblent guère. Au bout d’un moment je décide de retourner dans la grande salle.

Alors, est-ce bien raisonnable ?
Comment font-ils ? Comment peut-on rentabiliser un festival avec deux salles, donc deux DJ en parallèle ?

Une bonne occasion pour les DJ peu connus de se faire connaître justement. Pour l’instant je n’ai vu ça que dans les grands festivals.

Le dernier en date c’était un festival bien connu du sud de la France. Heureusement parce qu’il y avait tellement de monde que ça a permis de scinder les danseurs en deux groupes et donner un peu de liberté. Un peu d’air !

Du point de vue des danseurs on pourrait dire que c’est plutôt avantageux, pour les raisons exposées ci dessus; du point de vue des DJ c’est une belle occasion de s’exprimer, de montrer de quoi on est capable; et pour les organisateurs qui ont assez de moyens pour proposer deux salles c’est aussi une manière de limiter les risques de mécontentement, en offrant une plus grande diversité bien sûr, mais également la possibilité de délester, de répartir les danseurs quand ils sont trop nombreux, quand la chaleur est trop élevée, quand il y a trop de bousculade …

Et j’allais oublier un élément essentiel … la circulation des personnes qui changent de salles permet de favoriser les rencontres, les discussions, les invitations, et apporte de ce fait un petit plus dans la bonne ambiance générale ..

Claude Gosselin

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