Catégories
INVITATION RECITS TANGUERAS TANGUEROS

Dépoussiérer ?

Quand j’ai été bosser en Argentine dans les années 80, le tango avait pratiquement disparu. On montrait encore quelques vieillards qui en jouaient, et le public était âgé (enfin pour moi, à l’époque…) mais je ne me souviens pas de l’avoir vu danser.

Avec la fin de la dictature, il est peu à peu revenu. Hélas, sous la direction de gens qui remettaient en route des codes sociaux du milieu du 20ème siècle, ou même avant ! codes qui n’ont que trop bien pris dans une société très marquée par un machisme fort.

Je serais curieux de savoir combien d’hommes seraient vraiment disposés à s’assoir sur une chaise et attendre qu’une femme veuille bien les inviter ! moi pas, en tous cas. Je ne demande pas mieux que d’être invité, j’aime bien ça, mais si je n’ai pas le droit de le faire, bye bye.

Mais pourquoi ces codes sociaux poussiéreux se trouvent-ils dans le tango et pas dans les danses en provenance des USA ? Là, au moins dans les endroits que je fréquente, les femmes n’hésitent pas à inviter, je n’ai jamais vu une femme rester assise sur une chaise une bonne partie de la soirée en attendant le bon plaisir d’un mâle. Vous parlerai-je aussi des femmes que j’ai rencontrées qui m’ont dit avoir essayé le tango, apprécié la danse, et renoncé à cause de l’ambiance ? non, non, pas des vieilles, hein, des jeunes, la trentaine … ou faut-il citer une copine qui me disait que « si tu es une femme, seule et de plus de 50ans, il ne faut surtout pas aller dans une soirée de festival ».

Hubert

Commentaires de la première publication:

Hubert

lun, 16/12/2013 – 11:22

La position sociale d’oppresseur tend à influencer notre analyse et notre ressenti vers une négation ou minimisation des rapports d’oppression

C’est une position qui parait un peu dure, mais quand je vois les discussions au sujet de la convivialité, je me dis qu’hélas elle n’est que très réelle.

Cricou

lun, 16/12/2013 – 16:40

Puisque nos pensées à tous ont un moment ou un autre ces derniers jours, et parfois beaucoup, été tournées vers lNelson Mandela, je le citerai :

 » Je savais parfaitement que l’oppresseur doit être libéré tout comme l’opprimé. Un homme qui prive un autre de sa liberté est prisonnier de sa haine, il est enfermé derrière les barreaux de ses préjugés et de l’étroitesse d’esprit. »   (2001)

Nous n’en sommes pas là dans le tango mais nous avons une responsabilité collective de faire changer les choses et puis c’est un doux combat, à la portée de toute bonne volonté, sans exigence d’un courage extrême, il suffit d’avoir la volonté d’agir.

Herr Mann

lun, 16/12/2013 – 18:25

Mais c’est quoi ces histoires de codes sociaux? On a l’impression que quelqu’un a légiféré sur le sujet de l’invitation pour que la situation soit celle d’aujourd’hui. Oui, peut etre dans certains encuentros milongueros, en France, il y a des organisateurs qui veulent imposer mirada et cabeceo obligatoire. Mais sinon ailleurs chacun le fait comme il le sent. Il ya des endroits où les gens s’invitent pour partie de vive voix, non?  Il y a des filles qui invitent, des mecs qui se laissent inviter dans ces cas là. Mais il y a toujours des gens qui ne dansent pas ou peu, soit qu’ils ne soient pas invités, soit parce que les autres ne se laissent pas inviter par eux. Si pas mal de gens emploient spontanément quand ils l’estiment nécessaire, la mirada et le cabeceo, c’est que c’est un moyen plus élégant de dire ou de se faire dire non. Faut etre honnete, personne n’a envie de danser avec tout le monde et tout le temps et c’est normal. Personne n’a envie de se faire imposer un abrazo inconfortable et violent qui l’envoie chez l’ostéo à la sortie S’il y avait un moindre surnombre ou s’il jouait en sens inverse (+ d’hommes que de femmes), on aurait exactement le meme débat, mais inversé. Certains se plaindraient amèrement qu’ils ne dansent pas… Et on se poserait gravement les memes questions mais en sens inverse…

JeanChris

mar, 17/12/2013 – 02:16

Je cite Hubert « nous avons une responsabilité collective de faire changer les choses et puis c’est un doux combat, à la portée de toute bonne volonté, sans exigence d’un courage extrême, il suffit d’avoir la volonté d’agir. » et j’abonde dans ce sens 🙂

Hubert

mar, 17/12/2013 – 13:56

non JC, ce n’est pas moi qui ai écrit ça, mais Christian en commentaire d’un sujet.

Qui, en revanche, ne connait pas la définition de « code social »   : les règles, souvent informelles, qu’une société donnée accepte et auxquelles elle se range. Et la société tangera a des codes informels mais pregnants, qu’on ne trouve pas dans d’autres groupes sociaux.

Bon, de toutes façons cette discussion ne mène à rien, d’abord il n’y a que des hommes (et je me vois dans l’obligation de rappeller que c’est le biais principal reconnu dans les études de genre : la prépondérance des hommes dans les groupes) ensuite je ne convaincrai personne, malheureusment, que la société tanguera est l’une des plus sexiste que je connaisse.

J’ai déjà cité des femmes qui le disent, évidemment les hommes ne s’en rendent même pas compte, ça suffit, ciao.

claudio

mar, 17/12/2013 – 14:36

Il ne faut pas se flageller !

Apparemment les femmes (qui sont en majorité inscrites sur ce site) n’ont pas envie de s’exprimer sur le sujet. Peut être parce que finalement elles n’ont pas besoin de nous pour tenter de régler ce problème. Comme quelqu’un l’a dit hier, la situation pourrait être inversée (hommes en surnombre). Verrait-on d’un bon œil le fait que les femmes engagent des discussions pour tenter de nous aider ? On prendrait le problème à bras le corps pour le résoudre nous même ! De toute manière il n’y a pas de « solution » qui puisse être apportée par « les autres ». La milonga est un endroit assez semblable aux autres arènes de la vie. C’est la loi de la jungle, la sélection naturelle…le /la plus motivé(e) qui gagne !

Il vaut mieux apprendre à chasser que de recevoir sa nourriture sur un plateau.

Les femmes l’ont bien compris puisqu’elles dédaignent, fort justement, nos méthodes, jeux et autres stratagèmes…